Dodécaudax de Janvier : La grosse borne

Distance : 204.4 Km

Temps total : 10h21 (limite maxi à 14h17)

Temps de roulage : 9h13

Moyenne totale : 19.7 km/h, roulante 22,1 km/h.

A vrai dire, j'angoissais un peu. Les prévisions météo de ce jeudi me semblaient praticables, avec pas mal de vent, mais à priori pas d'eau, sauf que ce 1er jour de l'année avait décidé d'être très pluvieux et alors que, au soir, je préparais le vélo, je me voyais mal me lancer pour un premier 200km sous des trombes d'eau.

Doutant encore un peu, j'ai mis le réveil à 6h, je prévoyais 10h de temps total, ça devait me faire rouler deux heures de nuit et arriver avant le coucher du soleil.

Jeudi 2 janvier, 5h20 : J'ouvre un oeil et pour la deuxième fois de la nuit je tapotte le réveil qui affiche une heure qui me convient, ce coup-ci. Je tends l'oreille : Rien. Pas de bruit de ruisellement dehors. Ca s'annonce bien. Pour un départ à 6h, ça va le faire, je me lève, vérifie que mon ouie ne m'a pas trompé, il ne pleut effectivement plus. Toutes mes affaires sont prêtes, je n'ai qu'à déjeuner tranquillement et go !

5h58 : Le vélo est dehors, moi aussi, une photo pour le départ et direction Les Nouillers, Taillant, une route que je connais, mais tout d'abord, un passage sous la porte St Pierre, vestige médiéval de mon village, Tonnay-Boutonne. Je n'ai pas encore vu les nouveaux éclairages des tours, et quitte à faire une journée touristique, autant commencer par ça !

 

 Rouler de nuit, j'adore ça ! Avec un beau ciel étoilé, quelques nuages pour donner un peu de matière, un petit clair de lune pour que le paysage se laisse deviner... Ma nouvelle lampe Cateye EL530 est extra ! Enfin, quand je croise une voiture, celle ci passe en code, ce qui veut dire pour moi qu'elle a clairement identifié un autre usager de la route... Ce n'était pas le cas avant, restait en plein phare etc.. L'éclairage est assez puissant, j'allume ma lampe frontale de temps en temps, pour lire un panneau, le roadbook, voir ce qui se cache dans un virage... Après 2 heures comme ça, j'ai l'impression que je roule assez bien, je suis à Néré. Je n'ai pas particulièrement envie de m'arrêter, mais je considère plus raisonnable de ménager mon arrière train et de manger un morceau. Pause faite en 5 minutes, juste le temps que le jour se lève, une photo et je repars ce coup-ci sans la Cateye, juste la petite Sigma que j'ai installé sur la fouche "pour être vu".

 Je m'étonne moi même, pas une seule boulette sur le roadbook, je décide que la prochaine pause serait dans 2 heures, à moins qu'un truc à voir en vaille la peine... A peine après 45mn de route, je change de département, immortalise le moment en roulant, c'est une première pour moi en vélo !

Le vélo roule bien, ça ne fait pas tout à fait 2 heures que je suis parti de Néré mais je fais une halte express à St Martin du Clocher, l'église a l'air jolie, j'en verrai pas mal d'autres tout au long de ma route, et comme ce n'est pas la thématique de la journée, je me suis contenté de les admirer en passant ! Quelques madeleines gobées, mais je n'ai pas faim... Vu les repas de la semaine précédente, ça ne m'étonne pas trop, en fait.

Finalement, j'arrive rapidement à mon objectif, mais il me faudra marcher 10 minutes dans le bois, en poussant ou même en portant le vélo par dessus des arbres qui barrent le chemin... Heureusement, dans le coin, on sait accueillir le visiteur, un canapé-lit est à disposition. C'est la grande classe non ?

 

Blague à part, mon objectif est là : Une pierre décorée avec les logos des départements concernés. C'est paaaaas... très beau ?! Non, pas vraiment... Mais en fait, je m'en moque, ça aurait pu être une balise plastique toute bête, c'est pas pire, et réalisé par un centre de formation de je ne sais plus quoi... Bon. Voilà. Tout ça pour ça, il n'est que 10h20, j'ai mes 100km au compteur, pile, je regarde la moyenne : 25km/h, j'ai été aidé par le vent qui ne me semblait pas bien  fort, mais bon, le vent relatif "au portant" et le vent réel, on sait ce que c'est en bateau... Et pas de spinnaker sur le vélo, dommage !

Hop, en selle ! Direction Sauzé Vaussais, il y a une tour à côté de laquelle je suis passé mainte fois, je ne m'y suis jamais arrêté. Ma route va au nord/nord ouest, le vent n'a pas l'air trop présent, je traverse les petit patelins distants de 3, 4 km, ça aide à passer le temps.

Rapidement rendu, je file voir cette tour. Un touriste trop fatigué pour marcher a stationné son berlingot à ...1m de la tour. Super pour la photo, j'approche. La dame de ce touriste est un peu plus loin sur le chemin, les fesses à l'air... Mon client squatte la plaque du monument, je décide de faire rapide, photo de loin, et tchao...  En fait, ce patelin ne m'attire pas particulièrement, il y a une tour quelque part, bof, j'ai envie de reprendre la route vers Chef-Boutonne, je me dis que vu l'heure, je pourrai manger mes sandwichs "de midi" chez mes parents, ça me fera une pause sympa.

Toujours pas d'erreur de Roadbook, je prends une départementale parallèle et plus tranquille que l'axe principal Sauzais/Chef, mais encombrée de déchets suite à la taille des haies au broyeur... Pourvu que je ne crève pas, j'ai déjà un doute après mon incursion dans le bois... Cette départementale est dans l'axe du vent. Là, oui, il y a du vent.Je commence à trouver les 11km qui restent pour atteindre l'étape suivante très longs, mouline pour pouvoir avancer à 20 km/h, à peine, me mets en danseuse pour soulager mon popotin et essayer de forcer différemment... Ce qui m'embête, c'est que le reste de ma route est sensiblement sur cet axe, sud-ouest, ce qui veut dire que ça ne fait que commencer... Je traverse Chef-Boutonne et commence à voir des noms de patelins qui me sont plus familliers, Aubigné, Aulnay où habitent mes parents. Il y a quelques bosses que j'aurai passé facilement en temps normal, mais je dois recourir de plus en plus au plateau de 30, en descente il me faut pédaler franchement pour avancer, c'est pénible.

Aubigné, ouf, j'ai l'impression d'être un peu chez moi ! Un abruti de maitre laisse son chien traverser sa cloture-gruyère, chien cyclophobe qui n'hésite pas à venir à ma rencontre, aboyant et surtout me surprenant ! Je m'arrête en catastrophe, hurlant après le chien. Je le regarde, il passe derrière, je l'appelle, lui crie "viens ici". Furtif et surtout trouillard, plus je l'appelle, plus il rentre chez lui... Je reprends ma route en surveillant ce chien pas franc du collier... Bref, j'ai de l'adrénaline, je traverse et continue, le vent se charge de me calmer... rapidement.

Forêt domaniale d'Aulnay, un panneau me fait plaisir : Bienvenue "chez moé" ! Photo ! En roulant ! Heu, la trappe des piles de l'appareil est ouverte, plus de piles ?! Zut... Je m'arrête, trouve les piles de rechange, réfléchis 2 minutes... ...Elle s'est ouverte quand j'ai sorti l'appareil du filet extérieur de la sacoche, mes piles sont 10 mètres derrière moi ! Bon, ok, le vent me saoule, je vais marcher 5mn et manger un peu.

Gatebourse avec de jolies bosses, St Mandé, et hop, enfin Aulnay ! J'arrive à 13h, mes parents ne sont pas surpris, j'ai l'habitude de débarquer à l'improviste, parfois en vélo, je leur avais parlé de ce projet de Dodecaudax... J'avale mes jambons/beurre et clémentines comme si on allait me les voler, remplis mes gourdes et hop, 30 minutes plus tard, revigoré, je roule en direction de St George de Longuepierre pour attaquer une partie "touristique" en longeant la Boutonne, la rivière qui passe dans mon village, en aval.

Je roule assez tranquillement, je ne m'épuise pas à lutter contre le vent, mais, le relief aidant, je suis nettement moins exposé qu'il y a quelque kilomètres. 

Un sale nuage plein de flotte semble vouloir me barrer la route, il est tout seul, je suis motivé, ce n'est pas lui qui va m'arrêter. Non, ça il ne m'a pas arrêté. Mais je me prends une saucée monumentale, je sens l'eau couler dans mon cuissard pour atterrir dans mes chaussures, voilà, c'est fait ça aussi. Trempé. Au moins, je suis rincé, le vélo est plus propre et pendant quelques minutes j'ai oublié le vent...

Je m'arrête au chateau de Mornay, superbe, mais c'est un établissement de "repos", je vole quelques photos sans me rendre compte que de l'eau sur la lentille floutte le résultat et repars aussi vite. 

Pouzou, Vervant, je tente en vain de photographier le chateau à travers la grille, bon dommage de ne pouvoir faire mieux. 

Le reste de la route, je le connais, quelques bosses, j'hésite à m'arrêter chez mon frère à St Denis du Pin mais l'heure tourne et j'aurai du mal à être de retour pour 16h. Un peu avant Landes je fais quand même un break, marche à nouveau à côté du vélo, la poche de madeleines ouverte, je profite aussi du paysage, je trouve ce coin, joli, c'est "ma" campagne.

S'en suit le retour par St Loup, je passe comme prévu par le marais pour allonger la boucle et être sûr qu'elle fera 200 km. Là, re-chien sur la route, mais je le connais ce corniaud là, il dort au milieu de la route, je préfère le réveiller avant de le surprendre... "ho le cheun !". Croyez moi, si je ne suis pas bien luné au réveil, lui est pire !!! Il me défie du regard, la tête basse, l'air très pas content, sans aboyer, il va me modre ou quoi ?! J'ai un doute... L'amadouer avec un gateau ? Je choppe la sacoche, et là, il prend peur, aboie, saute partout, comme il fait habituellement. Je l'enguirlande, fait mine d'aller vers lui, je le sais trouillard... C'est bon pour ce coup-ci, je pousse une gueulante en passant devant la porte de sa propriétaire "faut attacher vot' cheun !", peine perdue, je le sais... Mais j'ai franchement douté ce coup-ci. Bref, ça fait jamais que le 2eme chien mal éduqué...

Je file vers Annezay, me rends aussi compte que je prends habituellement ces routes dans l'autre sens, c'est plus facile... Là, ça ne fait que grimper, parfois sèchement ! St Crépin, butte de Fougerole, je la descends au taquet (hé oui, ça fait quelques kilomètres que ça monte...), je sais qu'en bas m'attends l'ultime grimpette... A peine 750 mètres, mais raide, et je ne l'ai jamais faite dans ce sens en fait ! En bas, le compteur affiche "200 km". Ouaiii ! Je profite de cette côte pour tester le plus petit braquet du vélo, je développe 2 mètres par tour de pédale, idéal pour se reposer... Bon, je colle 1 puis 2 pignon de plus, je sais que je pourrai grimper n'importe quoi avec ça ! Maison à 2km : J'ouvre la sacoche et tente de boulotter des madeleines en roulant. C'est marrant comment le temps passe vite quand on s'occupe !

Voilà, c'est fini, 204km, mais en fait, je me sentais assez en forme pour rouler encore un petit peu... Performance modeste, au final, les habitués de la longue distance vont bien plus vite, mais je suis largement dans les temps, c'est donc une première réussie et encourageante pour des distance légèrement supérieures.

Techniquement, mon nouveau jouet est très polyvalent, les réglages faits par le cyclociste sont parfaits (potence courte, je dois avoir de petits bras...) je n'ai pas trop la nuque raide après autant d'heures de pédalage, le vélo est léger, le cadre carbone est moins confortable que l'acier, seule la selle est un vrai bout de bois, j'espérais mieux. En roulant, je n'ai pu m'empêcher de rêvasser au Gitane équipé de roues à chambres à air, d'un moyeu dynamo, d'une selle Brooks, de 2 petits plateaux devant, de bagages pour y mettre toutes mes affaires...

Allez, au suivant, plus que onze !