Dodécaudax d'Avril, second brevet.

Distance : 310 Km

Temps total : 14h47 (limite maxi Daudecaudax à 21h40 - BRM à 20h)

Temps de roulage : 14h08

Moyenne totale : 20,9 km/h, roulante 21,9 km/h.

Arrivé à Ménigoute à 4h15, Yvan fait le planton sous l'abris-bus, seul. Je n'ai pas vraiment les yeux en face des trous ce matin bien que je me sois appliqué toute la semaine à me coucher tôt. Nous discutons rapidement météo, ça se présente bien, je récupère mon carton de pointage et la médaille du 200 précédent et vais préparer mes affaires le temps que les autres participants affluent.

Nous devrions être dix-sept à prendre le départ de ce brevet mais à 7h nous ne sommes que quinze. Ce sont donc douze vélos et trois vélos couchés qui se lancent rapidement vers le nord Deux-Sèvres : La température est de 9°, le vent faible, mais je suis frigorifé ! Vu ce qui était annoncé, j'ai opté pour mon cuissard Noret, fin mais plus confortable que le Nakamura : Le vent passe à travers et j'en suis à grelotter sur le vélo, d'autant plus que les premiers kilomètres se font rapidement, en descente.

Un groupe de tête se détache, peut-être motivé par le besoin de se réchauffer, de mon côté j'ai l'ambition de faire au moins le premier tiers du parcours sans me fatiguer : Je m'applique donc à rester derrière et suis Yvan, Serge et Loïc avec qui je discute, tranquillement.C'était sans compter sur la vasoconsctriction périphérique, mécanisme d'isolement du corps au froid, qui fait augmenter le volume sanguin central ce qui a pour effet d'inhiber la sécrétion de vasopressine qui régule la perméabilité des tubes collecteurs à l'eau (dans les reins) et fait que le corps retiens moins l'eau donc produit plus d'urine. ha ! Vous le saviez vous ? Pas moi ! 

Bref, les premières dizaines de kilomètres sont ponctués d'arrêts. Je perds le groupe, je le retrouve, ils s'arrêtent, je file, rattrape quelques participants, ça réchauffe un peu, j'arrive à Maillé, je trouve la traversée du patelin anormalement longue... Mais confiant en mon road-book, je file... Puis je vois les feux des vélos derrière moi disparaitre. Zut, demi-tour, j'aurai raté quelque chose, genre un panneau indicateur ?! Je croise Yvan et les suis pour sortir de ce village.

Nous poursuivons tranquillement vers Mirebeau, le parcours est roulant, le déficit de vasopressine fini par faire que je me retrouve isolé entre le groupe de tête et le groupe de queue, avec parfois un vélo ou deux pour me tenir compagnie, ou pas.

Nous sommes deux à arriver ensemble au premier contrôle, à Mons sur Guesne : Je vois de la lumière sur la place, une pharmacie a l'air ouverte. Elle n'en a que l'air. Mes compagnons de route ont opté pour une boulangerie en face, j'y vais. Je pose mon carton sur le comptoir et demande à la boulangère un pain au chocolat, en réponse elle me propose de tamponner mon carton. Je repense brievement à ce que j'ai lu sur le forum des Rubans Blancs, au sujet des commerçants agacés par des randonneurs qui jouent du coude dans leurs boutiques pour obtenir vite-vite le pointage, pressés comme la poële de mardi-gras ! Nous échangeons quelques cordialités avec la vendeuse et file manger cette "chocolatine", comme je dis habituellement, pendant qu'arrivent Yvan, Loïc, Serge. Un des vélo couché a vu sa potence de guidon se briser lorsqu'il s'est arrêté. Il a eu du bol, la même chose en roulant... Je suis arrêté depuis sept minutes, il faut que je reparte, si j'attends plus j'aurai les jambes en coton, puis je vais rouler très tranquillement, alors go.

La route est jolie, le jour s'est bien levé et le froid laisse progressivement place à une matinée agréable, je traverse une campagne de jolis paysages. J'aurai voulu prendre quelques photos en roulant mais la pochette avant de ma sacoche refuse d'obtempérer. C'est à Tourtenay que je me décide à une petite pause "des 100 km". Premier tiers d'abattu, il fait bien jour maintenant, je range mon gilet fluo, sors l'appareil photo, mange un peu, regarde si je vois des vélos à l'horizon, repars seul.

Arrivé à Brion près Thouet, la route à prendre est en sens interdit, travaux, je reconnais l'endroit vu sur google street view même si le panneau indicateur a été retiré et une déviation mise en place... Je la suis, puis me ravise, je vais tenter de passer, peut-être qu'en portant le vélo... Peine perdue, un grand pont est en construction, une clôture haute bloque l'accès. Je fais demi-tour, les deux vélos-couchés arrivent, je leur dis ce qu'il en est et nous continuons vers Etambé par la déviation qui est heureusement clairement indiquée.

Nous roulons plus ou moins ensemble avec les VC jusqu'à Doué la Fontaine, je me suis quand même arrêté à Taizon pour faire quelques photos d'un pont médiéval, d'un petit moulin, et profite de l'occasion pour photographier les "recumbers bikers".

A Doué, j'avais repéré un bistrot toujours sur Google et un marchand de matériaux à côté, au cas où. Il commence à faire franchement beau, c'est agréable ! Je rentre prendre un petit café et faire tamponner mon carton. Rapidement, à part repartir, il ne me reste plus rien à faire, je laisse mon tour de cou et sous-gants dans la sacoche et zou ! A peine quelques mètres de faits, je vois arriver au loin le reste des participants, il ne sont donc que quelques minutes derrière, ça me rassure sur mon rythme qui semble être ni trop, ni trop peu, car n'ai pas pour l'instant l'impression d'avoir forcé.

Le tracé me mène maintenant vers le sud-ouest, le peu de vent est dans mon dos, je suis en plein Layon, quelques vignes, cette randonnée est vraiment agréable ! A Etusson, rebelotte : Route barrée, déviation. Vu mon expérience précédente, je décide sagement de suivre la déviation en place, pas envie de perdre du temps à étudier le gps sur le téléphone, le temps qu'il charge la carte et le reste... Finalement, la déviation semble courte, je reprends rapidement la bonne direction quand, quelques centaine de mètre devant moi sur une route perpendiculaire, je vois filer les deux vélos couchés... Gasp, je me serai rallongé ?! Ou ils étaient juste derrière moi depuis une trentaine de km sans que je ne les eusse vu ? Bon, je progresse vers Bressuire où quelques bosses nous sont promises, je pense que vu l'heure, je vais manger un peu avant histoire d'attaquer ça tranquillement. Quelques kilomètres avant St Clementin, je trouve un coin qui fera l'affaire pour 15mn d'une pause casse-croute buccolique.

Les premières bosses font leur apparition, ça n'aide pas vraiment la digestion !  Je ne suis qu'à 10km de Bressuire, j'y vais paisiblement. Il est à peu près 13h30 quand j'y arrive, je ne sais pas trop où je vais faire tamponner mon carton, sur une ville de cette taille il y a le choix et du coup je n'ai pas anticipé grand chose. Vu l'heure, une partie des commerce est fermée, mais une boulangerie avec un espèce de "drive" est ouverte. L'heure de la chocolatine a sonnée ! Ce sera même une "maxi", tant qu'à faire, que je réserve pour "après les bosses", comme une petite récompense ! Le carton duement tamponné, j'attaque une espèce de côte sans nom qui doit me mener en centre ville : Non mais c'est quoi ça ? La butte Montmartre Sèvrienne ?! 3 mètres de développement, en danseuse à enfoncer des clous, c'est bref et intense ! Heureusement, les automobilistes sont conciliants et n'ajoutent pas à ces minutes de corvée la pincée de danger routier qui me fait détester rouler en ville à vélo ! Le reste du guidage se fait presque les yeux fermés, enfin, ouverts sur la route, je m'étais bien appliqué sur le roadbook pour cette portion que j'ai encore tout en tête et roule sans chercher ma route. Efficace.

Sortie de la ville direction Boismé, une zone boisée, agréable où chaque grande descente rapide se paie cash par une côte un peu longue. Je joue l'économie d'efforts, j'alterne une côte en danseuse, une ou deux sur un petit braquet. Je regarde mon compteur, cherche la distance parcourue... Ne la trouve pas ! Il a été réinitialisé à Bressuire, probablement par l'appuie de la sacoche, lorsque j'ai stocké la chocolatine... Zut, un peu déçu car je suis content de moi quand il affiche un grand chiffre !

Un groupe de cyclistes me rattrape, me double en me disant bonjour et roule devant moi à peu près à mon allure : J'en profite pour coller à leur peloton et m'économiser ainsi un peu plus. Ces cyclos de Montamisé (86) m'emmèneront jusqu'à Clessé. J'ai l'impression que c'est plus ou moins la fin de cette série de bosses, c'est en tout cas un très chouette endroit pour venir rouler et se préparer à un peu de dénivelé, j'aimerai bien avoir ça à côté de chez moi ! Je réinitialise le compteur au km 202 indiqué par mon roadbook, au moins ça me permettra de suivre sa lecture, le reste je le recalculerai avec le totaliseur...

Je poursuis jusqu'à Vernoux en Gâtine où, le temps d'une pause, je mettrai fin à la tentation d'ouvrir ma sacoche : La maxi-choco ne verra pas le panneau de sortie d'agglomération !

La suite est quelques km d'une route plutôt rectiligne, jusqu'à l'Absie, avec un peu de circulation, je n'y suis pas trop à l'aise, heureusement je retrouve des routes de campagne et file vers le dernier point de contrôle avec parfois un panorama sur la Gâtine très agréable ! Une maxi descente, une belle côte, un peu de plat et voilà, St Michel le Cloucq !

Bar fermé, l'auberge semble en activité, la porte est ouverte, c'est classe dedans, je vois un tampon sur le bureau, je pense qu'ils vont pouvoir faire quelque chose pour moi ! Je me présente au sympathique patron, lui fais part de ma requête, il me tamponne mon carton, nous échangeons quelques mots sur la météo : Dans la lignée de ma réflexion de la matinée, je me dis que la moindre des choses serait que je rajoute une page à ce blog destinée à remercier ces commerçants.

Je sors de St Michel le Cloucq par la même route qui m'y a emmené, je m'attends à croiser quelques randonneurs... Personne. Vu ma vitesse je ne les ai sûrement pas largué, je conclue donc que les aléas de guidage et déviations ont dû me coûter quelques kilomètres et que tout le monde est probablement devant. Je poursuis, un peu fatigué quand même, je n'ai fait qu'une petite pause depuis midi et deux arrêts express pour les contrôles. Les kilomètres suivants m'emmènent vers Coulonge sur l'Autize puis après Champdenier St Denis, ma progression devient un peu laborieuse sur une route moins charmante que le reste, droite, fréquentée... Je me traine un peu, je ne suis plus très motivé, la circulation me stresse un peu, tout ça, c'est le signe qu'il va falloir que je m'arrête faire une vraie pause mais j'ai l'impression qu'il y a encore un nid de bosses dans le coin et je ne veux m'arrêter souffler qu'une fois de retour en rase campagne, pour profiter pleinement.

Une portion de 3 voies termine cette progression, avec une prière à chaque voiture pour ne pas me faire tailler un short, certaines me doublent à fond la cale avec un lugubre hurlement de X-Wing... Et, ouf, sauvé, des bois, des près, j'enquille tout ça avec plaisir pensant à mon arrêt imminent. Alentours de St Georges de Noisné. Je pose le vélo le long d'une clôture. Pause mon casque dans l'herbe quand surgit une horde de jeunes filles rousses visiblement enthousiastes de me voir ainsi arriver ! C'est marrant, je ne me souviens pas qu'il me soit arrivé de voir un trouveau de vaches limousines courrir à côté du vélo, s'arrêter avec moi, repartir aussi... Voilà ce qui me manquait un peu, un moment simple, juste le plaisir de se promener en campagne. Le près suivant, ce sont des agneaux qui courent le long de la haie, sautent... J'ai mangé à satiété, il me reste vingt à trente kilomètres à faire, mais de ce que j'en ai vu en préparant le roadbook, encore quelques bosses.

En arrivant à Clavé, un long pont enjambe le Chambon, je laisse échapper un "wahou, c'est chouette ici !". Bon, d'accord, ça descend pour y aller, ça grimpe sec pour en sortir, c'est en Calvé quoi.... Non, je n'avais pas de clown à manger pourtant... Je suis à peu près en forme, arrive avec plaisir à l'entrée de Ménigoute.

Devant l'abris-bus, le fourgon de Loïc est là, il y a encore pas mal de voitures.... Je file déposer mon précieux carton jaune dans la boite aux lettres d'Yvan puis reviens à la voiture. A peine descendu du vélo, je le vois arriver avec Loïc et sa belle randonneuse Singer, Serge et Didier. Je suis de bonne humeur, j'ai passé une belle journée et fait 310km sans me ruiner physiquement, je m'épate tout seul ! Après ? Je ne sais pas... pas encore... 

Récit de ce Brevet par Yvan sur le site Superandonneur